
Si vous faites partie de ces 352 000 expatriés, « migrants », qui ont quitté leur pays pour s’installer à Rome, et qui y vivent aujourd’hui, vous vous reconnaîtrez dans cette exposition.
Le projet Rhome – Sguardi e memorie migranti, fruit de la collaboration entre le Museo di Roma, l’association “èarrivatoGodot”, le CNR et Officine Fotografiche Roma, est promu par le Département de la culture, de la créativité et de la promotion artistique de Roma Capitale et la Sovrintendenza Capitolana ai Beni Culturali. Il est accueilli par le Museo di Roma Palazzo Braschi, Piazza Navona 2, jusqu’au 30 mars 2014.
L’inauguration a eu lieu mardi 11 février en présence de la Ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge et du Maire de Rome Ignazio Marino. Une initiative qui est soutenue par l’UNAR, Le Bureau National contre les Discriminations Raciales.
34 portraits d’hommes et de femmes et 34 photos de lieux choisis par eux à Rome ont été réalisés par 12 photographes. 27 nationalités sont représentées. Les personnes photographiées ont répondu à la question : « Quel est le lieu que tu n’oublieras jamais à Rome ? Un lieu que tu porterais toujours avec toi si tu rentrais dans ton pays ? »
Les photos sont belles, et racontent un peu de la relation que chacun des interrogés a construit avec la ville, des histoires d’hommes et de femmes qui font partie de Rome. Quelques lignes seulement nous permettent d’entrevoir un bout de l’histoire de chacun. L’approche est pudique et respectueuse, et nous sommes loin des histoires médiatisées de clandestins ou de réfugiés. Le « migrant » tel qu’il est raconté dans cette exposition, est une personne qui a choisi de quitter son pays pour trouver un travail ou des conditions économiques meilleures, ailleurs. Contrairement au réfugié, il pourra retourner dans son pays et y vivre en sécurité.
A Rome, c’est presque 10% de la population qui est étrangère. Plus que dans les autres régions du pays (7,4%). Des femmes et des hommes ayant en moyenne 37 ans, en âge de travailler, plus de 50% célibataires et qui parfois construisent leur famille à Rome. Une exposition qui vous en dira encore plus en chiffres sur ces migrants au profil plus jeune que la population italienne vieillissante (petit aparté : saviez-vous que la moyenne d’âge en Italie est de 48 ans chez les femmes et de 44 ans chez les hommes ? A titre de comparaison, en France, la moyenne d’âge des femmes est de 42 ans, et des hommes 39 ans).
Céline Cougoule, est française, et témoin de cette aventure. Elle nous a raconté comment elle avait été contactée, alors qu’elle accueillait bénévolement les immigrés le matin à la Caritas, pour raconter son parcours et sa relation avec la ville. C’est le Pincio qu’elle a choisi comme lieu qu’elle retiendra toujours de Rome, car elle y aime la vue et a souvent amené son petit garçon, né en Italie. Elle y a été photographiée par Nazzareno Falcone, photographe de l’association Officine Fotografiche Roma ; elle lui avait raconté son parcours et ce qui l’avait amenée à Rome. Elle est heureuse d’avoir participé à ce projet qui lui a permis de rencontrer ces « étrangers de Rome« , qui vivent parfois la ville différemment d’elle.
Pour parler de Rome, certains ont choisi de retenir des lieux moins beaux. Leurs raisons sont très personnelles : Annamaria, qui est grecque, a choisi le métro de Rome parce qu’elle y passe de nombreuses heures par jour ; Bahar, qui est soudanais, a été immortalisé photographiquement devant la gare de Termini, où, pour lui, tout a commencé à Rome.
Voilà une exposition qui nous touche, parce qu’elle parle un peu de nous, des autres, de nos différences et de ce qui nous rapproche.
Crédit photo : Graziella Bollini