
Vous connaissez surement la Bocca della Verità (Bouche de la vérité) car comme la Fontaine de Trevi, elle a été popularisée par le cinéma et plus précisément dans le film Vacances romaines réalisé par William Wyler en 1953.
Dans ce film, la Bocca della verità sert de décor à une scène avec Audrey Hepburn et Gregory Peck, tournant autour de sa légende : placez votre main dans la bouche de la Bocca della Verità et si vous ne dites pas la vérité, elle vous mangera la main…
Un peu d’histoire
Ce disque sculpté d’1,75 mètre de diamètre et pesant environ 1 300 kilos, date du Ier siècle après J.C. et représente un visage masculin barbu dont les yeux, le nez et la bouche sont forés et creux.
La fonction première de cette plaque reste encore aujourd’hui incertaine : fontaine, bouche d’impluvium (système de captage et de stockage des eaux pluviales) ou plus probablement bouche d’égout qui, dans la Rome antique, représentaient souvent l’effigie d’une divinité fluviale avalant l’eau de pluie.
Le nom Bocca della verità est apparu en 1485 et la sculpture a depuis toujours été mentionnée parmi les curiosités romaines, étant fréquemment reproduite dans les dessins et les gravures.
Elle était située sur la Place de la Bocca della Veritá et lors des restaurations voulues par le Pape Urbain VIII Barberini en 1631 elle a été déplacée à l’extérieur du porche de l’église voisine de Santa Maria in Cosmedin, lieu où elle se trouve encore exposé aujourd’hui.
La légende
Ce masque a une réputation ancienne et légendaire. Il est mentionné au XIème siècle au début de Mirabilia Urbis Romae (guide médiéval pour les pèlerins).
Un texte allemand du XIIème siècle raconte comment, derrière cette bouche, le diable – identifié à Mercure (dieu protecteur du commerce et des escroqueries) – a retenu longuement la main de Julien (qui avait trompé une femme et devait jurer sa bonne foi sur cette idole), lui promettant la rédemption et une grande fortune s’il remettait au goût du jour les divinités païennes.
Au Moyen Âge, la légende de Virgilio Grammatico, érudit du VIème siècle (homonyme du poète de Mantoue), réputé pour sa magie, aurait construit la Bocca della Verità, à l’usage des époux et épouses qui doutaient de la fidélité de leur conjoint.
Au XVème siècle, les voyageurs italiens et allemands se souviennent de cette pierre se nommant pierre de la vérité qui avait le mérite de montrer quand une femme avait menti à son mari.
Dans une autre légende allemande du XVème siècle, on trouve l’image de la Bocca qui n’ose pas mordre la main d’une impératrice romaine qui – même si elle avait trahi son époux – la trompe avec un artifice logique.
Une histoire similaire, qui circulait dans des contes folkloriques, parlait d’une femme infidèle qui, emmenée par son mari méfiant devant la Bocca delle Verità pour être testée, avait réussi à sauver sa main avec ruse.
Elle avait en effet demandé à son amant de se présenter le jour de son test et, prétendant être fou, celui-ci devait l’embrasser devant tout le monde. La femme, au moment de mettre sa main dans la bouche, pouvait ainsi jurer en toute sécurité qu’elle n’avait été embrassée dans sa vie que par son mari et par l’homme que tout le monde avait vu. Ayant dit la vérité, la femme parvint à retirer sa main de la Bocca della verità, même si elle était coupable d’adultère.
Une variante de cette histoire précise que la femme fit semblant de s’évanouir et que son amant la récupéra dans ses bras. Suite à cela, elle jura devant la Bocca della verità qu’elle n’avait été que dans les bras de son mari et de l’homme qui venait de la rattraper.