
Omnes viae Romam ducun
Tutte le strade portano a Roma
Tous les chemins mènent à Rome.
Ce proverbe d’origine latine prend tout son sens dans le réseau routier de l’Empire Romain construit au cours des siècles et rationalisé par Auguste à partir du « point zéro », nommé le Milliaire d’Or. Ce dernier, situé dans les anciens forums, représente le point de départ de toutes les routes romaines. Les voies sont ensuite jalonnées de marqueurs indiquant les noms, les distances entre chaque ville et la capitale de l’Empire.
Cependant, cette célèbre expression est également reprise au XIIème siècle par un certain Alain de Lille pour affirmer de façon parabolique (Rome étant la cité du Pape) que tous les chemins mènent à Dieu et qu’il y a donc de multiples façons de tendre vers la sainteté.

Ces voies étaient conçues principalement dans un but militaire. Les Romains, afin de minimiser les distances des légions ont construit de longues routes les plus rectilignes possibles. Cela permettait ainsi une forte mobilité des troupes, indispensable pour contrôler des territoires gigantesques. Mais ces voies servaient également au commerce et au service postal. Des arrêts étaient prévus pour laisser reposer et échanger les montures, se ravitailler et ainsi assurer un acheminement rapide du courrier et des marchandises. Elles permettaient également d’un point de vue politique, de relier les cités et les régions de l’Empire dans une logique d’intégration et d’assimilation à Rome.
Mais si tous les chemins mènent à Rome alors, où vont-ils dans l’autre sens ?
A partir du centre de la Ville éternelle ont été construit ce qu’on appelle les « routes consulaires », « strade consolari » en italien. Elles prenaient leur départ symbolique au Forum et se dirigeait vers toutes les directions de l’Italie. Les principales routes de la République et de l’Empire Romain ont donc une très longue histoire derrière elles, puisque pour la plupart, elles existent encore et sont largement utilisées par nos voitures modernes.

Voici ci-dessous les principales routes consulaires romaines :
- La Via Aurelia jusqu’à Ventimiglia à la frontière française. C’est l’une des plus ancienne voie consulaire, créée à partir de -241 avant J-C, elle a servi plus tard à relier la Capitale et la province impériale d’Hispanie, l’actuelle Espagne. Pour l’exemple, Jules César a pu se rendre avec son escorte en 8 jours à Arles ; une prouesse à l’époque. Aujourd’hui, elle est dans sa majeure partie reprise par la route nationale n°1 Via Aurelia, longue de près de 700 km. A ses débuts, elle passait par le Ponte Rotto, la Porta Aurelia (Porta San Pancrazio) dans le Trastevere et le Gianicolo.
- La Via Cassia jusqu’à Florence prolongée jusqu’à Lucca et Pistoia. Elle reprend lors de sa création au IIème siècle avant J-C, des tracés préexistants étrusques. Elle suit la via Flaminia jusqu’au Ponte Milvio où les deux routes se séparent, une plein Nord et la deuxième plus à l’Est. C’est aujourd’hui la nationale n°2.
- La Via Flaminia jusqu’à Rimini datant de -220 avant J-C, c’est la première route liant Rome à l’Italie septentrionale. Elle permettra ensuite de joindre les provinces du Nord de l’Empire, d’abord Milan puis les localités à proximité des frontières germaniques. Avec la création du Mur d’Aurélien, on crée la Porta Flaminia au niveau de la piazza del Popolo et l’actuelle Via del Corso qui mène jusqu’au Capitole. On parle aujourd’hui de la nationale n°3.
- La Via Salaria jusqu’à Porto d’Ascoli sur la mer Adriatique. Son nom vient de l’utilisation de cette voie, car les Sabins ramenaient par cette route le sel récolté à l’embouchure du Tibre. Un chemin existait donc avant même la fondation de Rome, qui ensuite fut modernisé par les Romains. Aujourd’hui, la Via Salaria part de la Piazza Fiume ou était située avant sa destruction la Porta Salaria. C’est la via nationale n°4.
- La Via Tiburtina jusqu’à Tibur (Tivoli) prolongée jusqu’à la mer Adriatique et Pescara. C’est aujourd’hui la nationale n°5. Créé en -286 avant J-C, elle était à l’origine utilisée comme voie de transhumance pour les troupeaux entre les Apennins et la plaine du Tibre. Elle prend historiquement son départ au niveau de l’actuelle Piazza Vittorio Emanuele II mais comme les autres voies, avec la création du mur d’Aurélien, on l’a faite commencer à la Porta Tiburtina.
- La via Latina et la via Labicana jusqu’au port fluvial de Casilinium (aujourd’hui ville de Capua en Campanie). Elles sont désormais en grande partie détruites et la via Casilina a repris leur parcours dès le Moyen-Age. Elle part aujourd’hui de la Porta Maggiore et est nommé route nationale n°6.
- La Via Appia jusqu’à Brindisi sur la côte adriatique, elle permit de développer les routes commerciales vers la Grèce et l’Orient et ainsi d’importer la culture et la science hellénique. Considérée par les Romains comme la « regina viarum » (la reine des routes), initiée en 312 avant J-C, elle est encore aujourd’hui incroyablement bien conservée notamment au départ de Rome en direction du sud. Elle démarre au Circo Massimo, passe par la porte San Sebastiano et devient piétonne quelques kilomètres plus loin. C’est aussi sur cette route que furent crucifiés 6000 esclaves après la révolte de Spartacus en 71 avant J-C. Elle prend le nom de route nationale n°7.

Et enfin des voies consulaires secondaires que l’on connait par leur nom lorsqu’on habite à Rome (Via Nomentana, Via Prenestina, Via Anagrina, Via Ardeatina, Via Laurentina, Via Tuscolana, Via Portuense, Via Trionfale, Via Cornelia, Via Lavinietusa, Via Gabiana).